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Les limites planétaires

Les limites planétaires

Les limites planétaires sont un concept scientifique qui permet d’évaluer l’impact des activités humaines sur les équilibres de la Terre. Il se matérialise par 9 grands processus, conditionnant les interactions biologiques, physiques et chimiques. Pour chacun d’eux est fixée une limite à ne pas dépasser. Sinon, c’est augmenter le risque de déstabiliser l’environnement planétaire de manière irréversible, avec des impacts majeurs pour les êtres vivants. En 2024, 6 de ces 9 limites planétaires ont déjà été franchies.

 

Comment définir ces limites planétaires ?

Des chercheurs internationaux, conduits par le Suédois Johan Rockström, du Stockholm Resilience Center, ont quantifié les risques que les perturbations causées par l’homme font peser sur planète, en établissant pour chacun d’eux les seuils à ne pas dépasser.
Ils ont posé ce cadre des limites planétaires pour la première fois en 2009. 3 d’entre elles étaient déjà atteintes. Ces limites, précisées et affinées en 2015 puis une nouvelle fois en 2023, constituent le meilleur indicateur de l’état de la planète.

Voici les 9 limites planétaires :

 

1/ Le changement climatique

Les effets sont largement perceptibles : chaleur, sécheresse, inondations, cyclones, incendies… Le premier paramètre pour le mesurer est la concentration de CO₂ dans l’atmosphère. En 1880, elle était de 280 parties par million (ppm). Elle est en 2023 de 425 ppm.
L’objectif est de réduire de 55% les émissions françaises d’ici à 2030 par rapport à 1990, et d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

 

2/ L’érosion de la biodiversité

La biodiversité désigne la variété de l’ensemble du monde vivant et ses interactions. La France, par la variété de ses territoires répartis sur l’ensemble du globe, figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées.
Le principal indicateur est le taux d’extinction sur un million d’espèces par an. En France métropolitaine, il augmente plus rapidement (+ 99% entre 2000 et 2022) qu’en Europe (+ 67%) ou dans le monde (+ 36%).
La France a participé à la mise en œuvre d’une stratégie mondiale pour la biodiversité en 2022.

 

3/ La perturbation des cycles biogéochimiques

L’azote intervient dans le processus de croissance des plantes, mais, en excès dans le sol, il est à l’origine de la pollution des eaux superficielles et souterraines. Le phosphore, lui, est indispensable pour la croissance des plantes, mais une concentration excessive provoque la prolifération des dommages importants dans les cours d’eau, nuisibles pour les poissons, le bétail et les êtres humains.
Des programmes d’actions nationaux et régionaux veillent à limiter leur présence pour protéger les rivières et les nappes d’eau.

 

4/ Le changement d’usage des sols

Sur les 10 dernières années, 24 000 hectares d’espaces naturels, agricoles et forestiers ont été consommés en moyenne chaque année. Les conséquences sont écologiques (érosion de la biodiversité, limitation du stockage carbone …) mais aussi socioéconomiques (coûts des équipements publics, diminution du potentiel de production agricole …).
Pour y remédier, la France a adopté une stratégie de lutte contre la déforestation importée et a inscrit l’objectif de 0 artificialisation nette en 2050, dans la loi climat et résilience en 2021.

 

5/ Le cycle de l’eau douce

La ressource en eau potable, essentielle à la vie, est en baisse (-14% en France métropolitaine entre les périodes 1990-2001 et 2002-2018). Ces dernières années ont été marquées par la durée et l’intensité des restrictions de consommation qui ont touché tous les départements en 2022.
En septembre 2023, plus de 15% des sols planétaires présentaient un déficit en eau.
En France, un nouveau plan d’action a été présenté en mars 2023, avec l’objectif, pour tous, d’une diminution de 10% des prélèvements d’ici à 2030.

 

6/ L’introduction de nouvelles entités dans la biosphère

La gestion des substances chimiques dans l’environnement est complexe. La connaissance des effets sur la santé s’améliore, mais de nombreux facteurs interagissent, comme l’effet « cocktail » : une substance non toxique à faible dose peut le devenir si elle est associée à d’autres composés.
Cette limite planétaire est quantifiée par un pourcentage de produits rejetés dans l’environnement sans test de sécurité. 80% des 350 000 produits chimiques mis sur le marché mondial chaque année n’ont pas été évalués.

 

7/ L’acidification des océans

Ils absorbent 25% du CO₂ présent dans l’atmosphère. En augmentant, la quantité de CO₂ acidifie les océans et pèse sur leurs écosystèmes et leur biodiversité.
L’indicateur reconnu pour mesurer l’acidité des océans est le taux d’aragonite. Il ne dépasse pas la limite, mais l’atteindra en 2050 si rien ne change.
La France mène une politique ambitieuse pour protéger ses récifs coralliens, comme leur inscription en zones protégées d’ici à 2025.

 

8/ L’appauvrissement de la couche d’ozone

C’est la couche de l’atmosphère comprise entre 20 et 50 km d’altitude. En filtrant une grande partie des rayonnements ultraviolets (UV), elle protège les êtres vivants et les végétaux. Son amincissement excessif aurait donc de lourdes conséquences sur l’homme et ses écosystèmes.
Le protocole de Montréal, en 1987, porte ses fruits : selon des experts mandatés par l’ONU, la couche d’ozone devrait retrouver les valeurs de 1980 (avant l’apparition du trou) d’ici à 40 ans.

 

9/ L’augmentation de la présence d’aérosols dans l’atmosphère

Chaque année, la pollution atmosphérique aux particules fines serait responsable en France de 40 000 décès. Les impacts dépassent les risques pour la santé, mais touchent également l’environnement, les bâtiments ou l’économie dans son ensemble.
Des dispositions sont prises, tant au niveau international que national : réglementations, mesures fiscales, incitatives, actions de sensibilisation, de mobilisation et d’amélioration des connaissances…

 

L’évaluation des limites planétaires évolue afin de mieux appréhender la situation. Certains indicateurs apparaissent, d’autres disparaissent ou sont réévalués. Le cadre est avant tout planétaire, mais peut aussi être décliné à l’échelle nationale, voire locale.
Il est encore temps d’agir pour limiter l’impact sur les limites restantes. C’est l’occasion de repenser nos modèles de société afin qu’ils soient plus vertueux, pour l’homme et pour notre planète.

 


 

VERTFORêT, département de Corbet Associés dédié à la RSE, accompagne les entreprises et leurs dirigeants pour l’organisation de leur politique RSE : bilan carbone, audit et mise en œuvre d’une stratégie.
Chantal Corbet est Partenaire du réseau LUCIE ISO 26000.

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